- PARTIS SOCIALISTES ITALIENS
- PARTIS SOCIALISTES ITALIENSPARTIS SOCIALISTES ITALIENSL’apparition du mouvement socialiste en Italie est assez tardive, puisque la première organisation nationale ne voit le jour qu’en 1891, au congrès ouvrier de Milan. Deux années plus tard, elle prend le nom de Parti socialiste des travailleurs italiens; dissoute par Crispi, elle renaît en 1895. Soumis dès l’origine aux tensions entre la tendance révolutionnaire et la tendance réformiste, subissant l’influence d’un fort courant anarchisant, le P.S.I. trouve sa première base sociale dans la paysannerie et participe activement aux révoltes qui agitent l’Italie rurale avant 1914 (Parme, 1908; Ancône, 1914). L’implantation ouvrière du parti ne se réalise que progressivement et se développe parallèlement à l’industrialisation du nord du pays. Né d’une fusion des foyers socialistes de Milan et de la Romagne, le socialisme italien reste marqué par ses composantes régionales que contrebalancent quelque peu l’influence des intellectuels qui lui donnent sa première génération de dirigeants (Turati, Prampolini, Treves), et l’adoption du modèle d’organisation de la social-démocratie allemande.La politique empirique et conciliatrice de Giolitti, chef du gouvernement de 1903 à 1914, permet à l’orientation réformiste de prévaloir au sein du P.S.I. au détriment de l’intransigeance révolutionnaire d’un Enrico Ferri ou d’un Arturo Labriola. Mais, trait caractéristique du socialisme transalpin de cette période, le congrès de Reggio nell’ Emilia (1912) est marqué par un renversement de tendance et le départ des réformistes de droite. Un jeune militant romagnol d’extrême gauche, Benito Mussolini, prend la direction de l’Avanti , le quotidien du parti.Durant la Première Guerre mondiale, le P.S.I. parvient à maintenir une ligne neutraliste et non interventionniste, au prix du départ de l’aile droite et de l’exclusion de Mussolini, qui préconise le social-patriotisme.En 1919, le parti remporte un important succès électoral aux premières élections organisées à la proportionnelle (156 députés, 1 756 344 voix). Premier parti à la Chambre, il se refuse à se saisir du mouvement d’occupation des usines et des mairies pour agir dans le sens d’une transformation révolutionnaire de la situation. Dès 1921, la division entre révolutionnaires et réformistes entrave la lutte contre la montée du fascisme. En outre, le P.S.I. est incapable d’attirer la clientèle démocrate chrétienne du Parti populaire en raison de son anticléricalisme. Aussi, au congrès de 1921 à Livourne, l’équipe de la revue de Turin Ordine nuovo (Ordre nouveau ) avait-elle quitté le P.S.I. pour fonder le Parti communiste italien (P.C.I.).À son arrivée au pouvoir, Mussolini, renégat du P.S.I., mène une dure répression contre ses anciens camarades. Le dirigeant socialiste Matteotti est assassiné en 1924. Les principaux leaders sont arrêtés ou émigrent; Treves, Nitti, Turati, réfugiés en France, publient en 1927 La Libertà . Les frères Rosselli animent une opposition socialiste libertaire (lancement en 1930 de tracts antifascistes sur Milan), avant d’être assassinés, en France, sur ordre de Mussolini.Cependant, à la Libération, le P.C.I. apparaît comme le premier parti de la résistance et supplante le P.S.I. aux élections à la Constituante; ce dernier obtient 20,7 p. 100 des voix. De 1945 à 1947, il participe aux gouvernements de reconstruction. Mais, dès 1948, la défection de l’aile droite hostile à la collaboration avec le P.C.I. l’affaiblit. Dirigés par Giuseppe Saragat, les dissidents fondent le P.S.D.I. (social-démocrate), qui participera à de nombreux cabinets démocrates-chrétiens. Le P.S.I. subit l’hégémonie de la Démocratie chrétienne et la grande poussée à droite de la guerre froide. Son alliance avec les communistes sur les listes électorales coûte très cher au P.S.I. Dès 1953, Pietro Nenni souhaite que le parti prenne ses distances pour échapper au laminage, et Riccardo Lombardi anime au sein du P.S.I. une tendance «autonomiste» à l’égard du P.C.I. Peu à peu, cette autonomie s’affirme. En 1956, le P.S.I. condamne sévèrement l’intervention soviétique en Hongrie. Au congrès de Venise (févr. 1957), il proclame son attachement à la liberté et à la démocratie pluraliste. L’année précédente, Nenni a ébauché une réconciliation, prématurée, avec Saragat à Pralognan.En 1962, le P.S.I. participe au lancement du centre gauche sur la base du réformisme modéré et du régionalisme. En 1963, Pietro Nenni est vice-président du Conseil dans le gouvernement Aldo Moro. L’aile gauche (20 p. 100) quitte le P.S.I. en 1964 et fonde le Parti socialiste italien d’unité prolétarienne (P.S.I.U.P.), qui s’effilochera peu à peu par manque d’originalité réelle par rapport au Parti communiste. Le P.S.I., ramené sur sa droite, se réconcilie alors (1966) avec le P.S.D.I. de Saragat, mais trop d’équivoques suscitent une nouvelle brouille et la naissance (juill. 1969) d’un Parti socialiste unifié (P.S.U.), qui est l’ancien P.S.D.I. et qui retrouve même son sigle. Deux ans plus tard, le P.S.I. peut souhaiter des «équilibres plus avancés», en fait l’ouverture au P.C.I.; il demeure un parti faible, mais sa position le place au centre du débat politique italien, dominé depuis 1945 par la même question: jusqu’où aller avec les communistes? Or ceux-ci ont fait le choix du «compromis historique», qui jusqu’en 1979 va les pousser à chercher une alliance avec la Démocratie chrétienne (D.C.). À cette question le P.S.I. en ajoute une autre: jusqu’où ne pas aller avec les communistes ? Car l’option de centre gauche risque de laisser au P.C.I. le bénéfice de l’opposition — une hypothèse qui répugne aux socialistes. La réponse ne peut venir que de la modification du rapport des forces en présence. Le P.S.I. apparaît comme un des grands gagnants, avec ses alliés du Front laïc, du référendum sur le divorce et des élections de Sardaigne (1974). Aux élections régionales de 1975, il progresse à nouveau. Mais les élections législatives de 1976, qu’il a provoquées en faisant tomber le gouvernement Moro, lui sont très défavorables. Pour Bettino Craxi, secrétaire depuis 1976, il s’agit d’attendre (et d’espérer) une atténuation de la bipolarisation du pays entre le P.C.I. et la D.C., tout en négociant avec l’un ou avec l’autre pour éviter d’être laminé. L’ouverture vient en 1983: cette fois-là, la recette chute du gouvernement-élections anticipées tourne nettement en faveur du P.S.I. L’échec électoral de la D.C. et les 11,4 p. 100 du P.S.I. offrent la présidence du Conseil à Craxi. Tout au long de la décennie, le déclin qui frappe à son tour le P.C.I. va permettre à Craxi de garder la main, le plus souvent à la présidence du Conseil. Sera-t-il, comme il le souhaite lui-même, le «Mitterrand italien?». Le fait est qu’il impose à la vie politique italienne et à son parti un style nouveau.Mais les années 1990 seront tout autres. La mutation des communistes en démocrates de la gauche renouvelle la donne. Surtout, les scandales financiers se multiplient, éclaboussant largement le P.S.I. et Craxi lui-même. En décembre 1992, aux élections locales, la D.C. et le P.S.I. sombrent au profit de nouveaux mouvements. La rivalité interne entre Bettino Craxi et Claudio Martelli affaiblit un peu plus un parti dans lequel les électeurs ne se reconnaissent plus guère. Malgré les vertus du gouvernement dirigé par Giulano Amato, candidat de Craxi, en 1992-1993, il apparaît que les hommes et les appareils qui ont fait la politique du pays au cours des décennies précédentes n’ont pas les réponses à la crise dans laquelle il s’enfonce.
Encyclopédie Universelle. 2012.